Primo-prescription, suivi des maladies chroniques, collaboration renforcée : Comment la loi RIST révolutionne les soins de premier recours ?
Avec la promulgation de la loi Rist le 19 Mai 2023, la France entre dans une ère nouvelle pour l’organisation des soins de premier recours. Face à la désertification médicale et aux difficultés d’accès aux soins dans certaines régions, cette loi répond à des attentes fortes des professionnels de santé. En redéfinissant les responsabilités et les compétences des Infirmiers en Pratique Avancée (IPA), la loi vise à améliorer l’accès aux soins et à alléger la charge des médecins généralistes.
Cette nouvelle loi entraîne une réorganisation en profondeur des soins primaires. Parmi les changements notables, l’élargissement des compétences de l’IPA représente une avancée importante. Ces infirmiers, disposant d’une formation spécialisée, peuvent assurer un suivi régulier des patients, prescrire certains examens et même adapter les traitements dans les cas de pathologies chroniques mais aussi de polypathologies courantes. La loi introduit également la possibilité de primo-prescription pour les IPA, une avancée qui leur permet de prescrire certains actes sans supervision médicale immédiate.
Par ailleurs, de nouvelles modalités de collaboration entre les professionnels de santé sont encouragées pour renforcer l’efficacité des soins de premier recours et réduire les délais d’attente pour les patients.
Les effets attendus de la loi Rist sont, d’une part, une réduction notable des délais d’attente pour les consultations et une meilleure prise en charge des patients atteints de pathologies chroniques. Dans les cabinets, la délégation de certains actes aux IPA permet déjà aux médecins de se concentrer davantage sur les cas complexes et urgents, allégeant ainsi la pression sur le système de santé. « Cette loi nous permettra enfin d’exercer pleinement nos compétences et de soulager les médecins généralistes », témoigne Marie L., une IPA en exercice depuis deux ans.
Les Infirmiers en Pratique Avancée occupent désormais une place stratégique dans la prise en charge des patients, en particulier ceux nécessitant un suivi régulier. Dotés d’une formation universitaire de niveau master, les IPA disposent des connaissances nécessaires pour assurer la prise en charge des patients chroniques, prescrire certains examens complémentaires et, dans certains cas, adapter les traitements.
La primo-prescription est l’un des grands ajouts de cette loi. En permettant aux IPA de réaliser des actes de prescription de premier niveau, le législateur facilite un accès plus rapide aux soins et renforce la continuité de la prise en charge. Ce transfert de compétences permettra également une meilleure optimisation des ressources médicales dans les zones sous-dotées.
Cette capacité de primo-prescription est toutefois encadrée par des critères précis, garantissant la sécurité des patients. Les IPA pourront ainsi prescrire certains médicaments, examens de suivi et dispositifs médicaux dans la limite de leur champ de compétences. Une supervision médicale et une formation continueront de renforcer la sécurité et la qualité des soins.
La loi Rist apportera des bénéfices tangibles pour la gestion des maladies chroniques, permettant un suivi plus rapproché des patients.
18 mois après l’adoption de cette loi, les IPA sont toujours en attente de la parution du décret d’application.
4 ans après la sortie des premiers IPA diplômés, on constate déjà sur le terrain des résultats positifs : Parmi eux, une meilleure observance des traitements, facilitée par des consultations régulières et un accompagnement de proximité. Ces consultations fréquentes permettent également de détecter plus rapidement les complications potentielles. Les patients, pour leur part, témoignent d’une qualité de vie, liée à un suivi plus personnalisé et à une réduction des complications grâce à une prise en charge mieux adaptée à leurs besoins spécifiques.
Pour devenir Infirmier en Pratique Avancée, un parcours de formation approfondie est nécessaire. Ce cursus de niveau master comprend des cours théoriques et des stages pratiques, au cours desquels les futurs IPA acquièrent les compétences cliniques, pharmacologiques et organisationnelles nécessaires à leur nouvelle pratique. Une fois en poste, les IPA doivent également suivre un programme de formation continue, garantissant une mise à jour régulière de leurs connaissances et l’intégration des nouvelles pratiques et protocoles.
En somme, la loi Rist s’impose comme une avancée significative dans le système de santé français. En donnant plus d’autonomie aux IPA et en valorisant leurs compétences, cette réforme contribuera à réduire les inégalités d’accès aux soins, en particulier dans les territoires les plus touchés par la pénurie de médecins. Un suivi attentif sera nécessaire pour ajuster les dispositifs en fonction des retours du terrain et pour maximiser l’impact de cette loi sur l’accessibilité et la qualité des soins.
La parution du décret est donc une urgence pour l’approche populationnelle de la santé publique en France.